Salut à tous,
Moi c’est Laurence, épouse de militaire de l’Armée de l’Air et depuis 2 ans et 4 mois à Kourou.
Je vous livre mes impressions sur la Guyane telle que je la vois.
En arrivant, nous étions décidés à ne faire que 2 ans en Guyane, mais, malgré le bruit, les queues, les petites bêtes, la pénurie de denrées dans les magasins, les charançons dans les pâtes, les vélos qui roulent la nuit sans lumière, les nids de poules sur les routes et les scooters qui prennent les ronds-points à l’envers, nous avons décidé de faire une 3ème année et nous ne le regrettons pas.
Rien de tel que d’habiter un pays pour apprendre à le découvrir et, je vous rassure, on vit très bien loin de la « civilisation ».
On fait juste des choses différentes et on apprend beaucoup sur soi-même et sur les autres.
Que dire d’un pays où l’on peut se baigner 365 jours sur 365, un pays où il fait 26 degrés de température en moyenne toute l’année, un pays de contrastes entre nature et technologie, entre amérindiens et ingénieurs du Centre Spatial Guyanais ?
Et bien, dire que c’est la France !
Oui, même monnaie, même langue, mêmes administrations, mêmes chaînes de télévision, mêmes programmes scolaires, etc.
C’est rassurant car ce n’est pas comme si on était en pays étranger, sauf que, parfois, on se le demande !!!
Mais, bon, dans l’ensemble ça se passe plutôt bien.
La Guyane est un département d’outre-mer situé à 7000 kms de la France.
C’est son plus grand département : 1/6ème de la métropole.
Au nord, l’ océan Atlantique. Au sud, la forêt. De part et d’autre, les fleuves : le Maroni à l’ouest et l’Oyapock à l’est.
Le climat est chaud et humide, mais il est tempéré par les alizés, sur la côte tout du moins (Kourou, Cayenne) car du côté de Saint-Laurent et St Jean, il fait plus humide.
Les pluies sont irrégulières, abondantes, soudaines.
Il n’y a pas de grandes variations de température tout au long de l’année mais il y a quand même des saisons :
De novembre à février, c’est la petite saison des pluies ;
En mars, c’est la petite saison sèche (été de mars) ;
D’avril à juillet, c’est la grande saison des pluies :
Et d’août à novembre, c’est la grande saison sèche.
La Guyane est le pays de la foret et des fleuves. L’océan est bel et bien marron puisqu’il est chargé d’alluvions apportés par les fleuves.
Vu d’avion on voit bien la délimitation entre le marron de la côte et le bleu du large.
Nous habitons Kourou, 3ème ville du département par le nombre d’habitants après Cayenne , le chef-lieu, et Saint-Laurent-Du-Maroni.
Tout est cher. On trouve de tout mais 30 à 50 % plus cher qu'en métropole.
Le marché de Kourou a lieu les mardis et vendredis matins.
Pour les fruits : ananas, bananes rouges, bananes légumes, bananes dessert, mangues, papayes, citrons verts, goyaves, maracudjas, chadeks, ramboutans, cocos, oranges pays, awara, etc.
Pour ce qui est des légumes : tomates, patates douces, giraumons, ignames, courgettes, haricots verts kilomètre, avocats, dachines, concombres, etc.
Côté viande, on consomme beaucoup de poulet, poulets rôtis ou "boucanés" (c'est à dire fumés), mais aussi du bœuf et les autres viandes suivants les arrivages.
Du côté de la halle aux poissons : loubine, machoiran, jamais goûté, mérou, acoupa, aïmara, thazard, etc.
Les marchés de Guyane sont alimentés par les hmongs de Cacao.
Les chinois tiennent la plupart des épiceries de Guyane, ouvertes tôt le matin jusque tard le soir, et chez qui on trouve de tout, du dentifrice au balai, en passant par le tire-bouchon ou la confiture ! Très pratique.
Les moustiques sont particulièrement présents à la saison des pluies, mais, en fait, il y en a un peu toute l’année.
Kourou est soit disant démoustiquée. La « Baygonneuse », sorte de citerne sur roues, est censée passer régulièrement dans les rues diffuser son insecticide, mais on ne la voit pas très souvent, à vrai dire.
Avec les moustiques, ce qu’il faut craindre surtout c’est la dengue (grippe tropicale), qui donne de forts maux de tête, des courbatures et beaucoup de température. Elle n’est pas contagieuse, mais il n’existe pas de vaccin, contrairement au paludisme.
Le CMCK (Centre Médico Chirurgical de Kourou) est grand, neuf, moderne et il y a de bons médecins.
Les pharmacies de Guyane n’ont rien à envier à celles de la métropole et on y trouve exactement les mêmes produits.
La chose importante en Guyane est de bien s’hydrater. Il faut boire, boire et encore boire. De l’eau.
Le ti’punch et le planteur aussi, bien sur, mais avec modération !
Pour ce qui est des animaux, nous vivons dans un endroit où la faune est extrêmement riche. Beaucoup d’oiseaux, dont les très communs kikiwis, tangaras bleus, colibris, anis, cassiques et coniures cuivrées (perroquets) que l’on voit partout en ville. Il y a aussi les urubus qui planent dans le ciel, mais ceux-là sont moins appréciés car ils sont noirs et ressemblent à des vautours et mangent les poissons morts sur la plage…
Pour peu qu’on soit attentif et curieux, on peut voir des toucans, des perroquets et une multitude d’oiseaux en totale liberté aux portes de Kourou.
Pour voir les ibis rouges, il faut se rendre à l’embouchure du Sinnamary le matin ou le soir, mais si on a de la chance, on peut les voir aussi passer au dessus de l’océan…
Pour les autres animaux, en ville on voit beaucoup d’iguanes dans nos jardins, et, de temps en temps, des moutons paresseux ou des tatous qui tentent de traverser les routes.
Quand on va en foret, c’est le papaïo (oiseau sentinelle) qui s’entend le plus, grâce à son cri puissant ; et c’est en foret aussi (ou en carbet) que l’on peut voir des serpents, des araignées, des grenouilles, des papillons (dont le morpho bleu) et qu’on entend les singes hurleurs,
Sur l’ île Royale, on croise de nombreux agoutis et il y a des iguanes dans la mare aux caïmans… (Les iguanes c’est vrai mais les caïmans, ça reste à vérifier !) Il y a aussi les petits singes saïmiris qui se baladent d’arbres en arbres et qui descendent vous voir si vous avez des biscuits ou des fruits pour eux ! Ils sont en liberté. Ce n’est pas comme le toucan qui est en cage et les 3 aras qui ont les ailes coupées…No comment.
Dans les eaux qui bordent les îles, il n’est pas rare de voir des tortues venir respirer à la surface ; ce sont des tortues vertes.
Sinon, pour les tortues luth, c’est sur la plage d’ Awala Yalimapo ou celle de Montjoly qu’il faut aller pour les voir lorsqu’elles viennent pondre.
En ville, dans nos maisons, nous n’avons pas trop de bêtes qui rentrent, à part les moustiques, les fourmis « sucre » et les géckos. C’est vraiment rare de voir des araignées.
En Guyane, tout ce qui miaule et qui griffe s’appelle un « tigre » : Puma, Jaguar, Ocelot, chat marquay etc.
Sur le stade derrière chez nous , à intervalle régulier, nous avons un Puma qui vient nous voir….Celui-là n’est pas un « tigre ». Il ne miaule pas et ne griffe pas… Il fait juste énormément de bruit, déplace beaucoup d’air et sent le kérosène : c’est le Puma de l’Armée de l’Air, un des hélicoptères basés à Rochambeau et qui vient se poser lorsqu’il effectue ses rotations pendant les journées classées hautement sensibles que sont les transferts d’Ariane, les veilles de lancement ou les jours de lancement.
Quant au jaguar, le plus grand félin d'Amérique du Sud, au pelage ocellé, pouvant peser 150 kg et appelé « tig tacheté » par les Guyanais, beaucoup en parle mais peu l’ont vu.
En Guyane, il y 2 routes principales : la Nationale 1, qui va de Cayenne à Saint-Laurent-Du-Maroni et la Nationale 2, qui va de Cayenne à St George de l’Oyapock. Pas d’autoroute..., mais attention aux radars quand même.
La conduite des guyanais est particulière et il faut un peu de temps pour s’y habituer. Ca double n’importe comment, ça déboîte sans crier gare, ça tourne sans clignotant, enfin c’est sportif, d’autant plus que les routes sont parfois défoncées et pleines de nids de poules !
Les gens se déplacent beaucoup à vélo, mais il y a un gros trafic de vélos volés, démantelés, remontés et revendus. Il faut donc rentrer son vélo dans son garage ou sa maison, si possible, ou alors, bien le cadenasser et ne laisser aucun accessoire dessus. Sinon, vous risquez de ne plus avoir de compteur, plus de selle, plus de roue ou…. plus de vélo du tout !
Puisqu’il faut bien en parler, et parce que vous en entendrez sûrement parler, sachez que le taux d’insécurité est élevé dans tout le département, y compris à Kourou. Prudence donc ; n’apportez rien de valeur et restez sur vos gardes. Toutes nos maisons ont des grilles mais pensez toujours à bien fermer vos portes et à ne rien laisser dans les jardins. C’est pénible mais c’est comme ça.
L’autre fléau, moins grave celui-là, est l’humidité.
On ne peut rien contre cet inconvénient qui abîme nos affaires et notre équipement électronique. Une solution pour protéger son matériel est le stockage dans une pièce climatisée en permanence. La climatisation permet de réduite de 30 à 40 % le taux d'humidité ambiant, ce qui est énorme.
Nous tentons d’occulter certains côtés négatifs de la Guyane, pour nous concentrer sur les côtés positifs de ce séjour dont nous comptons continuer à profiter pleinement, si la chance nous sourit jusqu’au bout.
Voilà. C’était ma façon de voir la Guyane.
Les autres membres de ce forum pourront venir compléter ce que j’ai dit et donner eux aussi leurs impressions sur la Guyane.
J’ai aussi fait un blog sur notre séjour :
http://kikiwi.skyrock.comBon séjour aux anciens et bienvenue aux nouveaux.
L@urence
Sujet: Le séjour en Guyane 
